Présine et Mélusine.

Illustration du livre de Mélusine, 1478
Avant d'être un pays d'Europe de l'Est, l'Albanie était l'Ecosse. Dès la première phrase, hop, je t'apprends quelque chose, si c'est pas formid' ça !
Bon en fait ça s'écrivait Albany et pas Albanie mais on va pas trop chipoter. C’est du celte.

À l'époque, l'Ecosse albanaise avait un roi qui s'intitulait Elinas, qui s'était marié avec Présine la fée. Bon, il l'avait pas fait de son plein gré, c'est plutôt que la fée l'avait charmé et après il avait plus trop le choix. Avant de se marier, ladite Présine avait dit à son futur mari que surtout, SURTOUT, il devait jamais essayer de la voir pendant qu'elle accouchait.
On sait jamais, des fois que :
1. Le type soit fan de films gores.
2. Son lecteur DVD tombe en rade pile au moment de l'accouchement.
3. Il veuille remplacer l'écran de télé par l'entrejambe de sa femme.
Le truc pas du tout improbable, déjà. Enfin Présine elle devait trouver cette théorie probable, vu qu'elle a fait promettre Elinas et tout et tout.

Donc ils se sont mariés et comme y'avait un des deux époux consentants, c'était un bon début.
Puis un autre jour, Présine était enceinte jusqu'aux yeux, pour la troisième fois. Elle a eu des contractions, elle a viré son mari, elle allait accoucher, mais paf, Elinas s'est pointé en catimini et il a regardé comment on sort les bébés, et son épousée l'a vu.

Ni une, ni trois, la jeune maman embarque le bébé, qui était une fille, et ses deux autres enfants, qui étaient aussi des filles, sous son bras, et elle se barre à Avalon voir si Elinas y est pas. Il y est pas. C'était le but.

Pendant plein plein d'années, Présine élève ses trois filles, prénommées Mélusine, Mélior et Palestine (dis donc dis donc, on fait de la géographie aujourd'hui). Puis un jour elles sont grandes, et comme elles ont vécu dans la rancœur de leur mère à l'égard de leur père, et comme aussi ce sont des fées, elles décident de se venger de leur papa qui a osé assister au miracle de la vie.
Elles l'enferment dans une montagne magique. Ça c'est radical comme technique au moins.

Présine elle apprend ça, et alors elle est pas contente du tout, parce qu'en fait elle était encore secrètement amoureuse d'Elinas, donc elle trouve que c'est une bien sévère punition, surtout pour un truc qui s'est passé y'a quinze ou vingt ans. "Y'a prescription, depuis le temps, saperlipopette !", se dit-elle.

Comme elle trouve que c'est pas très bien, elle décide de punir ses filles. On pourrait penser qu'elle va leur faire la morale pendant douze heures et qu'elles vont mourir d'ennui, ou qu'elle va leur faire copier 15.000 fois "Je ne dois pas enfermer mon papounet chéri dans une montagne magique sans demander à maman d'abord." et que leurs bras tomberont et qu'elles mourront de la gangrène, mais en fait non.
Déjà elle avait plus d'imagination que ça. Et ensuite, elle voulait pas que ses filles meurent, elle voulait juste leur pourrir la vie.

Donc, sanctions :
- Mélior, on l'enferme dans un château, et elle doit s'occuper d'un épervier jusqu'à plus soif, et elle doit donner aux preux chevaliers qui passent tout ce qu'ils lui demandent, sauf son amour. Du sucre, elle peut. le pont-levis, elle peut. Ses petits culottes elle peut aussi. Son amour, elle peut pas.
- Palestine, on l'enferme dans une montagne comme son papa, et sa mission si elle l'accepte et même si elle l’accepte pas, c'est de garder le trésor d'Elinas jusqu'à ce qu'un gugusse de sa famille vienne la libérer de la tyrannie maternelle.
- Mélusine, comme c'était la plus méchante des trois, vu que c’est elle qui a eu l’idée de la montagne, elle eu droit a être transformée en mi-femme ni-serpent tous les samedis jusqu'à perpétuité. Elle a le droit de se marier, mais si son mari la voit un samedi, paf elle est maudite jusqu'à ce que Jésus revienne, Jésus revienne parmi les siens.

Maintenant, on oublie Mélior et son épervier et Palestine dans sa montagne, elles servent plus à rien, et on se consacre à Mélusine.

La rencontre entre Raymondin et Mélusine
Un jour elle se balade dans la forêt avec deux copines, elles cueillent des champignons ou des jonquilles, je sais pas quelle saison c'était, et voici qu'elles rencontrent un charmant jeune homme. Le fils du roi, en plus. Ils entament la causette, patati, patata,  et Mélusine et lui tombent éperdument amoureux l'un de l’autre, c'est fantastique. Même qu'à un moment le prince il dit à Mélusine "Je m'appelle Raymondin", et même pas elle éclate de rire, pour te dire à quel point elle était tombée en amour pour le gugusse.
Parce que Raymondin, bon, on a vu mieux comme prénom, t'avoueras.

Le type en fait il revenait de la chasse où il avait trucidé son oncle, mais ça l'avait pas perturbé plus que ça, puisque même pas sortis de la forêt il a déjà demandé Mélusine en mariage. Ils perdaient pas de temps à l'époque.
Mélusine accepte, sauf que Raymondin a jamais au grand jamais le droit de voir sa femme le samedi. C’est parce qu'elle est femme-constrictor le samedi, tu te souviens ? Ray' il est d'accord, surtout qu'en échange Mélusine elle lui file de la richesse, des châteaux et des gamins, alors il peut bien se passer d'elle une journée, il embauchera une femme de ménage pour ce jour-là.
Ils ont dix enfants, ils sont un couple méga heureux et tout.
Bon les enfants c'est pas des réussites, y'en a un il lui manque un œil, l'autre il a une dent de trente centimètres de long, y'en a encore un qui a un œil vert et l'autre rouge. Encore un autre, il avait trois yeux. Je te dis pas les frais d’ophtalmologie dans la famille.

Mais heureusement, Mélusine fait de la magie et les gens font abstraction de leurs bizarretés et ils deviennent des gens haut placés parce que pistonnés.

Tout est super dans la vie de M. et Mme Lusignan, sauf qu'un jour le frère de Raymondin dit à icelui que si Mélu veut jamais le voir le samedi, ça doit être parce qu'elle expérimente les choses de l'amour avec un autre gugusse.
Thüring Von Ringoltingen, die Geschichte der schöne Melusine, Nürenberg
Raymondin tapote son front, il sent pas de cornes, mais dans le doute il va quand même voir dans la chambre de sa femme. Sauf que c'est fermé. Alors, malin, il prend son épée et il fait un tout petit trou dans la porte, juste assez grand pour voir avec un œil, et il regarde.

Là, il voit Mélusine dans une grande bassine qui prend un bain. Enfin en haut c'est Mélusine. Sous le nombril, par contre, c'est un peu Kaa the snake. Voici notre Raymondin traumatisé.
Mélusine, grâce à l'intuition féminine, se rend bien compte qu'on l'observe, et comme elle a une bonne vue, 10/10 à chaque œil, elle voit le tout petit trou dans la porte et derrière le neunoeil de son époux Raymondin.

Elle crie alors très très fort. C’est qu'elle est pas contente. Elle sort de sa baignoire et elle se jette par la fenêtre.
Soit elle s'est écrabouillée en bas comme un petit salsifis, soit elle s'est transformé en serpent qui vole (un dragon quoi) et elle s'est enfuie. Ça on sait pas trop.

Et voilà, ça se finit mal pour une fois.

3 commentaires:

  1. julietta24.11.12

    je ne connaissais pas cette histoire (je ne me rappelle même pas de l'avoir lue sur un de tes blogs), mais c'était sympa. Ca fait un peu malédiction en série sur la famille mais c'est drôlement raconté ^^
    Et pis le coup de la femme serpent, ça me fait penser à Narnia (si ça se trouve, le gus s'est inspiré de cette histoire ... wahou, je viens de résoudre un mystère ^^ )

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  2. Pas compris le premier paragraphe, le coup de l'Albanie et de l'Ecosse...

    Pour le reste, j'aime beaucoup le style que vous utilisez!

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    1. En fait Albanie c'était l'ancien nom de l'Ecosse, mais il n'y a pas de lien avec l'Albanie actuelle (enfin je pense).
      Et merci pour le compliment !

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